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Métamorphoses
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4 novembre 2006

Attente : song fic

D’après la chanson de Viktor Lazlo « Canoë rose » et le poème de
Baudelaire « L’Horloge »

Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible
Dont le doigt nous menace et nous dit : «Souviens-toi ! »
Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible

Je relisais le poème de Baudelaire, et mon cœur battait au rythme
du balancier de l’antique pendule qui me tenait compagnie dans
ma solitude. Tu m’avais laissé dans cette cabane en bordure de lac,
avantde me quitter « pour un temps encore indéterminé »,
avais-tu murmuré en m’embrassant…

C’était pas l’année dernière
C’était pas à Marienbad
Comment voulez-vous que je m’en rappelle
A force de l’attendre
Je ne savais plus qui l’attendait

Au fil des jours, j’avais du mal à me souvenir de nous deux,
de nos étreintes, de tes paroles… Ton visage autrefois si lumineux,
s’estompait dans mes souvenirs comme un dessin au pastel délavé…

Le temps est un traître de cape et d’épée
Qui vous glisse sa poudre d’oubli dans votre coca

Je ne me rappelais que de ta silhouette s’effaçant au loin
dans le soleil couchant, comme un héros de western…

Faudrait pouvoir choisir son film

Et le crépuscule revenait, encore et encore, mais toi tu
n’étais plus là. Définitivement absent, loin de moi. Qui sait où
t’avaient conduit tes pas ? Auprès de qui étais-tu couché ce soir ?
Sous quelle latitude ?

Je n’avais plus qu’à me barricader
Dans la petite maison près du lac
Avec le canoë rose, à deux places
qui flotterait comme ça
Pour personne

Encore une longue nuit, sans toi, sans espoir de ton retour.
Devant le feu je me prenais à rêver… Cette ombre, au loin, à l’orée
de la forêt, n’était-ce pas toi qui me revenait ? Du moins, ton
ombre, ton souvenir, ton fantôme ? Lorsque la nuit était trop
sombre et que le lac devenait noir, le cri des chouettes résonnait
dans l’obscurité.

Fermer les volets
Et ne plus changer l’eau des fleurs
Oublier qui tu étais
Ne plus jamais avoir peur

Plus jamais je ne m’inquiéterais pour toi, ma main fraîche
posée sur ton front brûlant de fièvre. Plus jamais tu ne me souriras
tristement, le regard perdu dans un inconnu lointain… Notre
histoire s’est arrêtée, le temps continue de s’écouler.

Se dire qu’on était pas
Vraiment faite pour le rôle
Pleurer plus que le saule…

La nuit est totale maintenant dans la pièce, qui aurait pu être
notre chambre et qui n’est qu’un lieu où le sommeil me fuit,
désespérément. Seuls les cris des animaux nocturnes me révèlent
qu’une vie existe encore, ailleurs…

Plonger sous les draps
Et ne plus jamais remonter

Et le temps s’écoule interminable…

Trois mille six cents fois par heure la seconde
Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix
D’insecte, maintenant dit : Je suis autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde

Les ombres de la nuit me tourmentent à chaque heure un
peu plus. Ta présence est de plus en plus lointaine, et je n’arrive
pas à combler le vide de mon cœur, qui se remplit de mes
terreurs. Je préfère encore affronter l’irréalité du monde extérieur.
Je longe la rive, la profondeur de l’eau m’attire inexorablement.
Si j’étais Ophélie, je m’y laisserais glisser.

Dormir sur le pont du galion
Qui s’est laissé couler
Parce qu’il t’a connu
Une de plus à t’aimer

Comme toutes les nuits, j’ai marché comme une
somnambule autours du lac, sans entendre autre chose
que le battement d’aile des chauve-souris qui sont
devenues mes compagnes de solitude…
Lorsque l’aube a commencé à poindre, je suis rentrée dans la
maison, me mettre à l’abri sous les draps.

Le soleil essaie de se glisser
Par le store vénitien
C’est pas lui qui me fera lever

Je n’ai plus la patience de t’attendre. Aurais-je le courage
de te rejoindre ?

Je commençais une longue nuit
J’ai pas l’intention de demander le réveil

Ce matin, une enveloppe dépassait de la boite à lettres.
Machinalement je l’ai prise ; sans la lire je l’ai déposée sur le bord
de la cheminée. Ce n’était pas ton écriture. Ce ne sera jamais plus
ton écriture.

Je regarde les photos qu’il a prises de moi
Je n’en ai aucune de lui
Il ne s’est jamais laissé prendre

Entre mes mains je froisse cette lettre, qui me dit que tu ne
reviendras plus, que tu m’as désormais quitté à tout jamais, que
tu as sans doute, enfin, trouvé ton paradis… Dehors il pleut
sur le lac, le temps idéal…

Le vent fait grincer le canoë rose, à deux places
Il servira, peut-être, pour un autre film

Et sur sa tombe je voudrais que l’on grave :

Souviens-toi que le temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi…

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Commentaires
S
Mais c'est super beau ! Félicitations !
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